ALES - 20 Septembre 2014
Il est 5 heures, Alès s’éveille,
Il est cinq heures et je n'ai plus sommeil
Et pour cause ! Quelques éclairs zèbrent encore le ciel, de gros coups de tonnerre se font entendre et la pluie quant à elle est encore là, toujours là, fine mais bien présente.
De nature curieuse, je me décide à aller jeter un œil au Gardon, que j’entends gronder depuis la Grand Rue Jean Moulin. Il charrie des eaux impétueuses mais son niveau est moins haut que je ne le pensais puisque les arches du Pont-Vieux sont encore bien visibles.
- « Nous ne subirons pas de Gardonnade pour cette fois ! » me dis-je, rassurée.
Je m’engage donc pédibus-jambus en direction du pont, sur la voie verte qui longe les berges. Je suis coutumière de cette petite ballade, que je faisais souvent depuis mon installation dans le quartier, du temps où j’allais promener Cachou, mon amour de petite chienne.
Dans le lit de la rivière, des formes à peine perceptibles, raides comme des piquets, que j'avais tout d'abord prises pour des jauges à mesurer la hauteur de l'eau, se meuvent soudain. Tiens ! Un fort battement d'ailes ! Un gros oiseau vient de prendre son envol, juste pour quelques secondes, pour s’immobiliser à nouveau sur une petite parcelle de berge encore hospitalière. Elle abrite (et là je le comprends enfin) une compagnie de hérons cendrés ainsi qu’une petite aigrette toute frêle, d’un blanc immaculé.
Totalement ignorante des cris qui caractérisent cette gente ailée, j'ose afin de m’amuser un peu, deux ou trois « coin-coin » nasillards. Quelques gloussements se font entendre suivis d'un véritable concert d’autres coin-coin … Je savais bien que ces plaisants palmidèdes faisaient partie de la faune du Gardon mais je ne m’attendais vraiment pas à ce qu'ils daignent me répondre.
Je dois me rendre à l’évidence … Je sais parler « canard » !
Je continue ma promenade … Me voici à présent rendue sur le Pont-Vieux. Une forme grisâtre détale ventre à terre au beau milieu de la route.
- « Sans doute un chaton effrayé ! », pensai-je.
Eh bien non ! C’est un beau gros rat qui s’agite et qui finalement opte pour un plongeon salvateur. Mais assez ri.
Totalement absorbée par mes découvertes animalières, je n'avais pas encore prêté attention aux « tchop-tchop » émis par les pales des hélicoptères tournoyant dans le ciel d’Alès encore endormie.
Je comprends soudain que quelque chose de sérieux se joue, mais quoi ? Le gardon n’a pas débordé, y aurait-il eu un grave accident, un meurtre avec recherche de fugitifs ? Que sais-je encore !
Longtemps je scrute le ciel afin de situer dans quel coin sont effectuées les recherches , mais à 6 heures, j’abandonne …
De toute façon les hélicos ont cessé leur ronde et une petite faim me rappelle à l'ordre - je n'ai encore rien avalé ce matin.
Je mets fin à mes 45 minutes de promenade matinale et c'est en petit-déjeunant que les infos de 7 heures m'apprennent la nouvelle.
Tandis qu’une partie de la ville dormait paisiblement près du Gardon comme tel était mon cas, d’autres Alésiens vivaient une véritable nuit de cauchemar en voyant, impuissants, les eaux de ruisseaux en folie - le Grabieux et le Bruèges, monter inéxorablement et submerger leurs quartiers au nord de la ville.
Inondations du 20 septembre 2014 à Alès : 140 à 200 mm d’eau se sont abattus en moins de 6h
Gardonnade : ................. Terme employé pour désigner les énormes crues du Gardon, souvent dévastatrices.
Episode cévenol : ... Phénomène météorologique qui intervient principalement en septembre et octobre dans les Cévennes et ses environs. Il s'agit d'orages très violents et fortement localisés, qui s'accompagnent de pluies diluviennes, entraînant dans la majeure partie des cas, des inondations.
Texte extrait des " Potins de ... FAM "